Les guerres commerciales comptent plus que la politique. La proposition de Friedrich Merz de réviser la règle du frein budgétaire de l'Allemagne a jeté les bases de la tendance à la hausse de l'EUR/USD. Théoriquement, son échec à devenir chancelier aurait dû provoquer des prises de bénéfices sur les positions longues. Le leader de l'Union Chrétienne-Démocrate n'a pas réussi à obtenir les 316 voix requises, bien que sa coalition, sur le papier, possédaient 328 des 630 sièges du Bundestag. Néanmoins, l'euro a tenu bon, aidé par le déroulement des guerres commerciales.

Selon une source interne à Bloomberg, l'Union Européenne prépare un Plan B. Si les négociations commerciales entre Bruxelles et Washington échouent, l'UE prévoit d'imposer des tarifs de rétorsion sur les importations américaines d'une valeur de 100 milliards d'euros. Un projet de contre-mesures potentielles sera remis aux États membres de l'UE d'ici le 9 mai, avec des discussions qui devraient se poursuivre pendant un mois. Le délai de 90 jours donné par Donald Trump semble avoir permis à ses opposants de préparer une contre-attaque.

L'UE estime que 549 milliards d'euros d'exportations européennes sont soumis aux tarifs américains. L'UE enregistre un excédent commercial avec les États-Unis dans les biens et un déficit dans les services. Cibler les exportations américaines de services pourrait poser de sérieux problèmes à Washington.

Bilan commercial UE-États-Unis

De plus, la Chine exhorte l'Europe à unir ses forces pour résister à l'intervention unilatérale et défendre l'équité et la justice. Une guerre commerciale sur deux fronts contre des adversaires aussi puissants coûterait cher aux États-Unis et au dollar. Une perte de confiance envers le billet vert a été le catalyseur de la hausse de l'EUR/USD en avril. Le seul acteur capable de rétablir cette confiance est la Réserve fédérale. L'espoir que Jerome Powell et ses collègues agissent en ce sens empêche les haussiers de reprendre pleinement le contrôle.

La bataille entre haussiers et baissiers se joue sur chaque parcelle de terrain, ce qui entraîne une consolidation de la paire de devises principale dans la fourchette de 1,128–1,138. Seule une rupture de cette fourchette déterminera la prochaine direction du mouvement de l'EUR/USD.

Curieusement, pour rétablir la confiance dans le dollar, la Fed n'a qu'à résister à la pression de Trump et s'abstenir de baisser les taux en mai ou juin. Le marché à terme reflète ce sentiment : la probabilité d'une baisse des taux lors de la réunion du FOMC de juin est passée de 65 % à la fin avril à seulement 27 %.

Sans surprise, Trump sera probablement mécontent de toute décision de la Fed et dirigera une fois de plus un flot de critiques à l'encontre de Powell. Cependant, l'indépendance de la banque centrale reste incontestée pour l'instant, permettant au président de la Fed de continuer à ignorer les piques du 47e président des États-Unis. L'essentiel est de ne pas réagir aux provocations.

Sur le graphique journalier, l'EUR/USD reste dans une phase de consolidation au sein d'un modèle "Spike and Ledge". Une cassure au-dessus du niveau de juste valeur à 1,1355 augmenterait la probabilité d'un mouvement vers la limite supérieure de la fourchette 1,1280–1,1380 et pourrait justifier l'initiation ou l'expansion de positions longues sur la paire.